Au coeur des plaines

[post précédent dans la cours du château d'Astraem]

Je sortis un veston que j'avais glisser dans mon sac, en prenant soin de ne pas perdre le pied et de tomber en bas de Sanglot. Après l'avoir enfiler, je donna un coup de talon ma fidèle jument pour qu'elle reprenne sa course. Nous étions les seuls sur les plaines, du moins, à ce que je saches. Nous nous tenions loin de la lisière, pour ainsi être loin des créatures habitant la forêt.

Lilianne m'avait offert ma jument à mes cinq ans. Enfin, à l'époque ce n'était qu'un petit poney ne mesurant à peine un mètre de haut. Ma mère, elle, avait son étalon du nom de Brouillard. Elle et moi partions souvent en balade, ou faire des courses. Brouillard avait remporté de nombreuses courses, mais il faut avouer que ma mère était une très bonne chevaucheuse. Quant à moi, j'inscrivais Sanglot à des concours de beauté pour chevaux de tout genre. J'avais d'ailleurs gagné un prix.

À la mort de ma mère, Lionel vendit Brouillard à un homme riche d'Astraem. Lilianne elle aurait pu l'empêcher de faire cela. Quoi que c'est incensé, puisqu'il ne l'aurait pas vendu si elle ne serait pas morte. Enfin, plein de choses ne seraient pas arrivées si elle n'était pas morte...

- Halte là! lançai-je à Sanglot.

Post précédant au cimetière de Saint-Ikaniss

L'air était frais et le vent soufflait doucement contre mon visage. Je me sentais bien ici, malgré les regrets que j'avais souvent d'avoir fugué il y a de cela six ans. C'est alors que je vis un peu plus loin un garçon probablement plus agée que moi ordonnant à son cheval de s'arrêter. Je mis la main sur mon sabre et courut vers lui. Je ne laissais personne partir après m'avoir aperçue. Une fois arrivée devant lui, je me rendis compte qu'il était beau et séduisant. Malgré que, pas du tout ce qui m'interesserait.
-Bonsoir, je voudrais savoir qui vous êtes et ce que vous faites ici.
Oui, j'étais plutôt directe et il allait sans doute se dire que je ne me mêlait pas de mes affaires... Tant mieux après tout. Il saura à qui il a à faire.

Une jeune fille apparut alors devant moi. Elle avait de longs cheveux d'une couleur semblable à celle de Nathaniel. Je dois avouer qu'elle était très belle, quoi que plutôt directe.

- Sevastian, fils de Lionel Ysan'Thurn, duc d'Astraem, répondis-je. Et vous?

D'ailleurs, que faisait-elle là, au beau milieu de la nuit?

-Je suis une elfe de Naëro. répondis-je surprise qu'il n'ait pas hésité à me dire son nom.

Tiens, c'était précis ça, une elfe de Naëro.

Je descendis de ma monture puis ajoutai:

- N'avez-vous donc pas de nom?

-Luna... hésitai-je, méfiante.
Je serrai plus fort la poignée de mon sabre le plus discrètement possible. On ne savait jamais. Il avait peut-être un pouvoir dangereux.
-Mais qu'est-ce qu'un humain vivant dans un village de riche fiche ici, dans les plaines des terres perdues alors que la lune est encore haute dans le ciel?

J'aimais me mêler de ce qui ne me regardait pas.

- J'avais besoin de prendre l'air, répondis-je sèchement.

Je pris une pose pour tourner mon regard en direction d'Astraem. Je me retourna ensuite face à mon interlocutrice et ajouta:

- Et vous, que faites-vous hors de Naëro? Pourtant votre village n'est qu'à qu'une trentaine de kilomètres.

-Je l'ai quitté il y a six ans de cela et je n'ai pas l'intention d'y retourner.
Je n'avais pas envie de lui dire pourquoi j'avais fugué. Je le connaissais à peine après tout.
-Connaissez-vous un endroit où je pourrais être engagé en tant que... tueuse à gage?
Je ne savais pas ce qu'il allait penser de moi, mais ce sera probablement la vérité...
Une garce indiscrète qui réserve comme avenir de tuer pour être payer.

Une... tueuse à gage?

- D'où je viens, nous n'en trouvons plus depuis longtemps.

Je monta sur ma jument puis dis:

- Navré, mais je dois maintenant partir. Voulez-vous que je vous accompagne quelque part, comme vous n'avez pas de monture?

-Merci, mais je refuse.

Je lui tourna le dos et partit. Où devrais-je aller? Je ne savais plus. Ce jeune inconnu pouvait se considérer chanceux que je l'ai épargné. J'étais un peu perdue. J'étais on pouvait dire orpheline et sans abris. Où Sévastian aurait-il voulut me conduire? Je sentais son regard sur moi. Je faisais des efforts pour ne pas pleurer. Mais je n'en pouvais plus. Je m'effondra à genoux et pleura à gros sanglots. Je priais pour qu'il ne m'ait pas vu.

Alors même que Sanglot tournait les sabots, un bruit qui m'était famillier se fit entendre: des sanglots. (Tiens, que jeu de mots.) Je fit demi-tour, m'approcha de cette dénommée Luna et descendit de ma jument.

- Ça va aller? lui demandai-je en posant ma main sur son épaule tout en m'accotant sur un genou à côté d'elle.

Merde! Il m'avait entendu.
Je retira mon épaule de sa main brusquement.
-Oui, ça va Sevastian. Je suis désolé, j'ai quitté mes parents à l'âge de douze ans et je vis seule depuis si longtemps... Partez maintenant, je suis désolé de vous avoir retardé.

- En fait, dis-je en feignant de sourire, je n'ai nul part où aller. Enfin, si mais, disons que le coeur y manque. Rien ne m'empêche de rester.

Je sortis un mouchoir de mon sac et le lui tendis en souriant.

- Enfin, sauf si vous tenez à tout pris que je partes, bien entendu.

Il me tendit alors un mouchoir avec le plus beau des sourires. Ce garçon était-il en train de me draguer? Je pris son présent et lui souris à mon tour.
-Merci. Cela ne me dérange pas que vous restiez avec moi je ne veux simplemeent pas détourner votre trajet.
Il y avait quelque chose dans sa voix qui me faisait chaud au coeur.

Je mis ma main dans mon sac en tentant de saisir ma gourde.

- Et, non, mon but n'est en aucun point de vous faire du charme, me moquai-je.

Au bout de quelques instants, je réussi enfin à dénicher ce que je cherchais parmi tous ces autres objets. Je bû une gorgée et la lui tendit, signe de demander si elle en voulait.

-Non, merci. Je ne fais confiance à personne.Et je n'ai pas soif... Mais puis-je savoir où vous contiez aller?

Hum, qu'est-ce que je pouvais bien répondre à cette question?

- En fait je l'ignores, soupirai-je. J'avais besoin de me changer les idées. Je ne supportais plus d'être dans ce château.

Je rangea ma gourde dans mon sac et demandai:

- Mais que faites-vous ici, vous, au beau milieu de la nuit?

Bon d'accord, je devais avouer que j'étais très curieuse moi aussi, je me devais bien de lui dire la vérité.
-En fait, je me suis enfuie de Naëro à douze ans. Et depuis six ans, je vis dans la forêt et je traverse les territoires perdues maintenant à la recherche de ce qui me rendra heureuse au point d'oublier mon enfance au village des Elfes. Dois-je en conclure que nous sommes dans le même bateau?

- En fait, je ne me suis pas réellement enfuis de chez moi, pour ce qui est de ma part. Disons que j'ai quitté ma demeure le temps d'une nuit.

Je pris une pause avant d'ajouter:

- Mais où dormiez-vous donc durant toutes ces années? De quoi vous nourrissiez-vous?

-Je dormais dans les profondeurs des bois et je me nourris des fruits qui poussent dans les arbres ainsi que du petit gibier. Mais je dois vous avouer que je ne suis pas celle que vous croyez.

Quelque chose en lui m'empêchais de lui mentir ou de lui cacher quelque chose. J'en étais incapable.

Déçidemment, cette jeune fille était assez mystérieuse.

- Et, qui je crois que vous êtes, d'après vous?

-Une jeune fille en détresse qui a besoin d'une sérieuse aide? Non. Je suis une meurtrière. Quelqu'un qui depuis longtemps tue ceux qui croisent sa route. Si vous êtes encore en vie cette nuit, c'est que votre regard est différent des autres. Tellement différent...

Je fus surpris de sa réponse. Car, effectivement, jamais je n'aurais cru qu'elle était du genre à tuer quiconque se dressant dans son chemin. Enfin, nous avons tous des mentalités différentes.

- Et, en quoi mon regard est-il différent des autres? la questionnai-je.

Comment pouvait-on déçidé du destin d'une personne en jugeant son regard seulement?

-Il est honnête et généreux. Tout les hommes que j'ai vu jusqu'ici sont pervers, vicieux et égoïstes. En fait, ils étaient comme mon père. Il battait ma mère et la traitait de choses atroces... C'est pourquoi je suis partie et maintenant, je tue ceux qui veulent me bloquer la route. Cependant, je n'ai plus de route maintenant... Je ne sais plus où aller...

Pourquoi est-ce que je lui racontais tout ça? Ça ne devait pas l'interresser! Il devait maintenant penser que je n'essayais que d'attirer son attention et de lui faire du charme... Je suis tellement idiote. Pourtant ça ne m'arrivait pas souvent de l'être... J'aurais dû le tuer dès le départ... Mais qu'est-ce qui m'en empêchait ainsi?

- N'avez-vous jamais pensé vous installer en ville? Ainsi peut-être pourriez-vous trouer un gentilhomme avec qui partager votre vie. Il y a de nombreux hôtels un peu partout sur les terres. Vous ne comptez tout de même pas continuer à vivre dans les bois toute votre vie?

Je ne pouvais m'empêcher d'éprouver de la pitié pour elle, bien qu'elle n'en aie nullement de besoin. Depuis mon tout jeune âge je vivais dans un château avec des domestiques, de beaus habits, de la nourriture à volonté... Je me sentais mal à l'aise face à elle.